L'Enfer ne connu pas le Jour

Publié le par Papillotte

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AVIS SUR "L'ENFER" DE GEORGES CLOUZOT


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César 2010 du meilleur film documentaire voici le récit ou du moins le makking off des rushs jusqu'alors invisibles qui nous présente le naufrage d'une oeuvre qui ne devait jamais voir le jour dans les salles obscures.
L'auteur avait en main tous les atouts pour mener à bien l'aboutissement d'un projet qui se voulait passionnément révolutionnaire.
Est ce que la précipitation de la passion d'une expérimentation pour graver des kilomètres de bobines, fruits de la mégalomanie d'un artiste aux fantasmes démesurés en matière de projection, étaient voués à l'échec...?

Que de questions sans réponses après avoir découvert non sans émotion des images venues d'outre tombe étayées de commentaires de professionnels comme par exemple Costa-Gavras à l'époque assistant du cinéaste, et William Lubtchansky, jeune opérateur mais aussi le décorateur Jacques Douy qui nous replongent dans l'ambiance de ce tournage.

Il y a aussi la lecture filmée de certaines pages du scénario où Bérénice Bejo et Jacques Gamblin papier à la main livrent respectivement lecture des rôles des principaux protagonistes...

Tout cela est méthodique et retranscrit de façon chronologique.

C'est un peu comme assister à une exhumation où notre voyeurisme est exposé à de troublants sentiments face à l'ébauche d'une aventure qui aujourd'hui fait figure de légende sans avoir vraiment existé ailleurs que dans l'intellect de ce cinéaste perfectionniste.

N'ayant pu le voir sur grand écran je me procure le DVD pour enfin découvrir ce projet inachevé à la production un tant soi peu maudite alors que paradoxalement ce film bénéficiait à sa création d'une liberté et surtout d'un soutien d'un célèbre studio américain, "La Columbia" pour un budget illimité .

 

***Que s'est il passé?***

Pourquoi ce projet si ambitieux mené de main de maître qui promettait une oeuvre révolutionnaire ne pu sortir de l'ombre avant que Serge Bromberg puisse convaincre Inès Clouzot, la veuve du cinéaste de rouvrir ces bobines afin que ce dernier nous délivre ce témoignage qui ne peut que nous retranscrire certes sommairement ce que nous ne verrons jamais dans son intégralité.

 

Juste de quoi nous pétrir de remords ou de regrets ou éveiller des soupçons..


L'enfer c'est les autres

JP Sartre

 

 

 


Le Projet


 


Le récit à suspense d'un projet inachevé


En 1964 Henri Georges Clouzot l'auteur du "Corbeau et de "Quai des orfèvres" a un projet des plus audacieux. Ainsi il s'élance avec ambition dans le tournage d'un film à la plastique innovatrice servit d'un casting de haut niveau avec en têtes prévues d'affiches la Belle Romy Schneider et le Ténébreux Serge Réggiani.
Le sujet se veut des plus classiques puisqu'il s'agit de suivre la douleur d'un mari maladivement jaloux.

L'histoire s'articule autour de Marcel, hôtelier qui vit dans l'angoisse que son épouse, Odette, le trompe.
Jusque là rien de très innovateur mais ce n'est pas le fond mais la forme qui se devait être une innovation.
Tout était là fin prêt pour déranger et mener le spectateur au fond de l'abîme du tourment provoqué par cette véritable pathologie qu'est la jalousie.
Il était tout à fait question d'entrainer le spectateur en plein coeur de la folie dévastatrice du personnage.
Celle ci se voulait d'être servit par un jeu des plus complexe le tout englobé dans une ambiance visuelle et sonore pour mettre les nerfs du spectateur à vive épreuve.
En effet cela aurait eu l'impact de mener le public de l'œuvre à ressentir autant physiologiquement que physiquement la profondeur de cette pathologie qu'est la jalousie.

Trois semaines de tournages de vues extérieures ne seront à jamais que le témoignage saisissant d'une mort annoncée.
Le glas a sonné avant même que l'enfer ne se referme sur une ambiance de tournage des plus angoissantes et des plus pressantes voir pesantes!

Apercevoir l'assistant à bout de souffle s'époumoner devant la caméra lors d'une course effrénée en pleine montagne est un témoignage tout à fait éloquent de l'ambiance quelque peu tyrannique qui pouvait régner sur le tournage.

 

 

L'enfer est pavé de bonnes intentions

S.Johnson

 

 

En guise de Conclusion

 

La volonté est professionnelle elle est bien sur menée par un cinéphile talentueux mais la démarche reste pédagogique et c'est peut être là que la lassitude due à la frustration d'images enchevêtrées peut naître.
En montrant sans vraiment démontrer le documentaire s'alourdit quelque peu et au final donne l'impression de s'être éloigné de l'ambiance escomptée.
Cette retranscription documentée minimise à mon sens certains éléments clés..

Certes le jeu incontestable est là, l'ambiance sulfureuse nous atteint mais dés lors que l'on recherche une satiété émotionnelle en découvrant ce Documentaire la frustration de ce projet inachevé prend alors toute son envergure.

 

 

  • Fan incontestée de Romy je me dis que le rôle était du sur mesure comment ne pas adhérer à l'idée qu'elle serait cet obscur objet de jalousie?
  • Admiratrice de Serge reggianni je me demande pourquoi vraiment il quittera le projet laissant place à JL Trintignant qui ne regorge à mes yeux de peu d'enthousiasme quant à la dimension du jeu reprise par ce dernier.
  • Henri-Georges Clouzot réalisateur au génie créateur semé d'un perfectionnisme dévastateur sera victime d'un infarctus du myocarde mettant un point final mènera je pense la troupe dans un âpre constat...enfin je l'imagine!

 

Malheureusement les principaux protagonistes ne sont plus là pour témoigner de ce travail mené tambour battant et la résurrection de ce film qui ne verra jamais le jour si ce n'est l'adaptation rapprochée par Chabrol dans les années 1990 me laisse une impression de gâchis peut être le résultat d'un cinéaste trop ambitieux qui en tyrannisant son équipe n'aurait été que la victime de sa mégalomanie.
Son délire de projet un peu fou aux effets avant gardistes aurait fait capoté une œuvre qui serait restée légendaire.

Le doute persiste malgré l'intelligence et la maitrise décelée dans cette reconstitution qui permet d'appréhender le mental obsessionnel du réalisateur qui serait allé trop loin sans maitriser son art qui l'aurait mené à l'achèvement de ce long voyage qui nous laisse tout juste à la porte de l'Enfer.

 

Qu'importe mon Dieu que je brûle toute l'éternité en enfer si c'est ta volonté

Sainte Thérèse de Lisieux

 

 

 

 

Bienvenue en Enfer

 

Publié dans DVD

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Z
<br /> Coucou, c'est très bien, bonne continuation, bisous<br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> merci d'être passée tu es la première et j'espère pas la dernière<br /> <br /> <br /> <br />